jeudi 8 mars 2012

HISTOIRE d'un projet

Le 17 janvier 2010 à Sceaux, Choeur en scène interprète  Begin to think about how we are to be (-gin to think...) *du compositeur américain Terry Riley. 
Musique sérielle, répétitive, cette pièce musicale dont le texte peut s'écrire de façon circulaire évoque le commencement, le recommencement, la genèse. Sorte de "cantate aléatoire", chaque chanteur y mène son propre parcours, déroulant librement une série de 30 courtes cellules sonores.
Cette performance a été expérimentée  lors du vernissage de l'exposition du plasticien Jean-José Baranes à laquelle collaborait Florence Giuliani, et en présence de Christelle Westphal et du chorégraphe Jean-Christophe Boclé. 

C'est là que le projet Réseaux-Résonance prend forme. Une impulsion à l'écoute de cette pièce musicale fait germer une évidence que peuvent être mis en résonance des lieux géographiques, des cheminements artistiques qui viendront dire quelque chose de la Relation**.
Tradition revisitée d'une terre océanienne, qui, de sa voix minoritaire, a tout à dire et à partager avec le vaste monde, et singulièrement, avec le pays d'outre-mer qui est venu prendre possession de son destin. Musique contemporaine occidentale, qui, de la pointe de ses recherches et cheminements, fouille le devenir de l'être au monde. Geste ténu, geste juste, geste du germe, de l'intériorité. Visions reliées à la végétation, son rythme, son intelligence biologique. Commençons à penser à ce vers quoi nous tendons - tendons à penser à ce que nous commençons.*

Mais le projet a une double histoire, l’une commence avec du visuel, l’autre avec du sonore.
En 2007, la plasticienne Florence Giuliani, qui est l'initiatrice du projet Réseaux-Résonance, a proposé à ANIS GRAS  I Yam - Territoires, avec la poétesse Jacqueline Paschetta, une exposition autour de la figure centrale de l'igname dans laquelle elle présente de petits réseaux de racines dans la terre.
Ils parlent d’un monde de liens souterrains aux choses, d’une origine à toute manifestation visible dans l’intimité de la terre. C’est une vision qui vient du Pacifique. 
L’idée de ce réseau resurgit en 2011, après être à nouveau rentré en terre quelques années. Nul doute qu’il a agi dans le secret. 
C’est la grâce de nouvelles rencontres qui le fait réapparaître et il a grandi. 
C'est Emmanuèle Dubost et Chœur en scène qui l'ont réveillé. C'est la rencontre avec Christelle Westphal et son travail visuel en complicité avec le végétal. C'est le geste de Jean-Christophe Boclé.
L'événement partagé de la pièce musicale de Terry Riley, moment d’exception, a ré-allumé l’étincelle créatrice et créé le désir d’agir ensemble. Denis Pourawa a rejoint le projet pour apporter le souffle intime et puissant de sa terre, la Nouvelle Calédonie ; Alexandros Markeas s’empare des matières brutes que le performer propose et y apporte les commentaires et les développements musicaux d’un compositeur et improvisateur d’aujourd’hui. Jean-Christophe Boclé réalise la mise en espace et chorégraphie des artistes interprètes.

**La Relation, notion développée par Edouard Glissant pour qui seule la poésie peut rendre compte des emmêlements humains et culturels, aussi inattendus qu'inextricables.
Il défend une diversité consentie, une culture mondiale partagée, un tremblement du monde comme annonce d'un nouvel imaginaire.


Florence Giuliani/Emmanuèle Dubost

 
Crédits photo : D. Rigaux

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